Je suis propriétaire :
Que dois-je faire pour répondre
aux nouvelles exigences énergétiques ?
Pour répondre au contexte légal en vigueur dans le Canton (modification du règlement d’application de la loi sur l’énergie en
septembre 2022) et sur le plan fédéral (Stratégie énergétique 2050) et aux objectifs liés pour réussir la transformation énergétique de tout un pays, plusieurs solutions existent. Quelles sont-elles ? Comment agir concrètement ? Quels process suivre ? Explications.
Répondre ensemble aux défis de demain
« Avant même de parler d’outils, la transformation énergétique implique un partenariat, une collaboration entre tous les acteurs concernés : les propriétaires, les experts, les entreprises, les régies, et in fine les locataires, qui sont aussi acteurs de cette transition. Nous devons tous agir en collégialité », nous explique en préambule Philippe Caparco, directeur de Services Plus Énergies SA, société active dans l’entretien, la maintenance et le monitoring des installations, dans le domaine de la rénovation ainsi que dans celui des nouvelles constructions.
Ensemble, plus forts ? Résolument. Car dans le sillage des impératifs fixés dans les lois cantonales et fédérales (neutralité carbone, sortie progressive de la Suisse de l’énergie nucléaire, incitations à investir dans les énergies renouvelables indigènes…, voir notre article détaillé en page 8 du magazine), c’est tout le secteur du bâti qui s’est complexifié.
Un constat que fait Christophe Gallier, directeur de Novacity, qui conduit notamment des études pour l’optimisation énergétique des bâtiments : « J’ai vu l’environnement se complexifier de plus en plus. L’enjeu environnemental en est une des raisons, puis les objectifs fixés pour y répondre, deux aspects corrélés qui ont créé de nouveaux métiers, de nouvelles spécialisations. D’une gestion globale de prise en charge du bâti, l’on passait alors à une compréhension fine allant de pair avec toujours plus de spécialistes. »
Une spécialisation qui suit les différentes étapes vers la mise en place de réglementations qui entrent aujourd’hui dans la phase d’obligation. « En 2008, nous étions dans une phase d’approche/d’observation, et ces rénovations étaient un peu prises à la légère. Puis, c’est une phase d’encouragement et de récompense (via les subventions) qui s’est installée, et ce dès 2017 avec l’acceptation par le peuple de la loi révisée sur l’énergie. Aujourd’hui, je dirais que nous sommes à la fin des encouragements, et au début des obligations. Une phase qui va, selon moi, céder sa place ensuite au blâme si les mesures n’ont pas été mises en place par les propriétaires », poursuit Christophe Gallier. « Les propriétaires doivent être proactifs sur la transition énergétique », valide Philippe Caparco. Et être accompagnés au mieux par tous les acteurs en présence : régies d’abord, puis entreprises spécialisées. Mais avant de parler de mesures, une étape s’impose : celle de l’audit.
« Ausculter » le bâti avant de le guérir
En tout premier lieu, c’est un audit (une étude) énergétique du bâti qui doit être réalisé afin d’évaluer les choix qui s’offrent au propriétaire pour faire baisser la consommation énergétique de son ou ses bâtiments et se mettre en conformité avec les exigences fixées par le Canton de Genève et/ou celles établies sur le plan fédéral. « Le groupe Gerofinance | Régie du Rhône via son nouveau service Valorisation, Énergie et Rénovation est entré dans cette phase il y a plusieurs mois déjà. Dans un premier temps, nous analysons chaque bâtiment de notre parc immobilier genevois (car c’est là où la loi sur l’énergie est la plus contraignante) afin de voir lesquels doivent être rénovés pour être conformes au cadre réglementaire. Ensuite, nous ferons la même chose dans chaque canton où nous gérons des bâtiments », explique Juan Travieso, responsable du service Architecture. Un rôle clé pour Christophe Gallier :
« Les régisseurs sont des chefs d’orchestre et apportent cette dimension généraliste très importante pour nous, tout en ayant en même temps une compréhension plus spécialisée. C’est cela qui va faire que le dossier démarrera correctement, sur des bases adéquates, et pourra être ensuite réalisé par nos soins de la meilleure manière possible en lien avec les désirs des propriétaires. »
Une photographie d’ensemble qui permet aussi de prioriser les actions, pour avancer ensuite étape par étape, comme l’explique le directeur de Services Plus Énergies : « Prenons l’exemple d’une villa. Si nous constatons que les fenêtres sont à refaire et que l’enveloppe générale du bâti n’est pas optimale, amenant une grande déperdition d’énergie, nous n’allons pas poser tout de suite une pompe à chaleur. C’est un processus étape par étape qui va se mettre en place, en traitant chaque aspect un par un selon une logique pragmatique et guidée par une vision de l’efficience à long terme. »
Il s’agit donc d’abord d’« agir comme des médecins généralistes, en auscultant chaque partie du bâti pour en évaluer l’état », pour reprendre les mots de Juan Travieso. Et ensuite ? Ensuite, place à l’action.
Rénover l’existant pour faire baisser la consommation énergétique
Quelles sont-elles ces solutions ?
Avant de penser à équiper les bâtiments de nouvelles fonctionnalités, il faut d’abord regarder ce que l’on peut améliorer dans l’existant. Toiture, chauffage, enveloppe, isolation…, en fonction des résultats de l’audit, mais aussi des possibilités notamment financières, c’est tout ou partie du bâti qui pourra être optimisé.
Pour l’enveloppe du bâtiment par exemple, c’est le CECB (le certificat suisse qui détermine l’efficacité de l’enveloppe du bâtiment et ses besoins énergétiques) qui va apposer une étiquette énergie allant de A à G. « Différentes variantes de rénovation sont alors soumises au propriétaire – par le biais de la régie – qui l’amènent de plus en plus vers le A, soit la meilleure optimisation énergétique possible. La dimension fiscale et de possibles subventions qui pourraient entrer en jeu sont également intégrées au rapport. Selon le choix du propriétaire (dépendant de ses capacités financières, de sa stratégie pour son patrimoine immobilier et d’autres variables), les travaux sont alors engagés », détaille Christophe Gallier. Car en optimisant l’enveloppe, c’est toute la consommation en énergie qui est améliorée, faisant ainsi baisser les charges, tout en réduisant de manière substantielle l’impact écologique.
Les toitures aussi font souvent l’objet de rénovation, avec un objectif désormais en lien avec l’impératif énergétique : « Pour schématiser, avant l’on refaisait les toits lors de problèmes de fuites, aujourd’hui l’on fait cela aussi dans un souci de valeur thermique. Car optimiser l’isolation des bâtiments est l’un des leviers permettant une baisse de la déperdition d’énergie, et donc une meilleure utilisation des ressources », confirme Lucas Borga, directeur de la société Borga Toitures spécialisée dans les travaux d’étanchéité, d’isolation, de ferblanterie et de couverture, ainsi que depuis cette année d’installation de panneaux solaires photovoltaïques et thermiques. Une dernière solution qui rencontre un engouement marqué depuis quelques mois.
Vers des bâtis de plus en plus autosuffisants en énergie
Pour aller encore plus loin dans la transition, à la rénovation peuvent venir s’ajouter de nouveaux équipements permettant la production sur site de l’énergie. Les panneaux photovoltaïques et thermiques en font partie, fleurissant de plus en plus sur les toits des immeubles comme de biens privés.
Grâce à la production d’électricité pendant la journée via ces panneaux, les bâtiments consomment ainsi de l’énergie de manière autosuffisante. Or, comme le précise Lucas Borga, « pour les industries qui utilisent beaucoup d’électricité en journée pour faire fonctionner leurs machines, la production d’électricité sur site est encore plus intéressante ». Sans compter que toute l’électricité produite en surplus est ensuite revendue aux SIG. Avec des panneaux solaires qui durent aujourd’hui entre vingt-cinq et trente ans, l’expert nous précise qu’à partir de la dixième année environ ils ne coûtent plus rien aux propriétaires… mais leur rapportent du profit.
Un profit qui découlera aussi de toutes ces mesures mises bout à bout. Car rénover et optimiser ainsi la consommation énergétique du bâti et éventuellement le rendre autosuffisant avec des panneaux solaires, c’est valoriser le patrimoine immobilier avec des bâtiments alignés sur les normes actuelles, voire aller encore plus loin. En cas de vente ou de location, la plus-value engendrée peut être importante. Un argument de plus pour prendre rapidement le chemin de la transition énergétique, et atteindre, tous ensemble, les objectifs du Canton de Genève, et de la Confédération.